Saisissant
Deuxième rendez-vous, société Franz Hilkerman Couture, Paris
- Bonjour, Madame, je suis Midori Lewis, j’ai rendez-vous avec madame Françine Duvivier Lamarche.
-
Ah, oui, vous la dame de l’autre fois, s’écrit Huguette la standardiste
du siège. Je vous ai reconnu. Je vais voir si Françine est là.
- Allo, allo, Elsa, y a là la dame de l’autre jour…Oui, tu sais, l’artiste…C’est pour un rendez- vous avec Françine.
Oui,
oui, ah, d’accord. Euuuh, Elsa, tu sais sur le répondeur ce matin, y
avait un message pour toi. Il faut que tu rappelles une journaliste de
« Elle », pour un bouclage. Ouais, ça à l’air urgent… ah, ah, mais je
sais pas moi. Le message, je l’ai écouté que ce matin. Ah, sais pas le
nom de la dame, je l’ai effacé.
Bfffffff, elle est jamais contente celle-là.
Oui alors, Françine, elle arrive tout de suite. Vous voulez un café ?
- Non merci, Madame, je vous remercie.
-
Oh, c’est comme vous voulez…….Allo, société Franz Hilkerman couture,
oui, ah, euuh, ah ben non, la personne… je vais voir si elle est là
monsieur, c’est de la part de qui ?
Mais d’où vient cet oiseau
rare. J’ai rarement vu un tel personnage. Etrange. Huguette n’a pas
compris que sur son téléphone il y a une touche « secret » et une
touche de mise en attente. Non, Huguette cale son téléphone entre son
sein et son bras.
Etrange. Vraiment étrange.
Françine est
alors arrivée, rayonnante dans une robe fleurie aux tons rosés,
transparente, volantée… Barbie est de retour. Enfin, aujourd’hui Barbie
a 40 ans !
- Midori, bonjour, comment ça va ? Vous me suivez, on va dans mon bureau.
J’ai
suivi Françine jusqu’au premier étage. Un étroit couloir mène vers son
antre. Un bureau rempli de dossiers, d’étagères à dossiers, une
bouilloire, des photos d’enfants, de ses enfants je suppose et puis…
des photos d’elle. Jeune, moins jeune, habillée, un peu moins habillée.
Bref, en quelques clichés Françine dévoilée.
- Avez-vous réfléchi
à notre projet ? J’y ai pensé. ELSA, se met elle à hurler, viens.
Midori j’ai vu Franz hier, et évidemment il me fait confiance pour cet
événement. Nous ne pouvons pas être médiocre. Si vous avez quelques
problèmes, dites-le-moi. Pour votre information, j’ai déjeuné hier midi
avec une journaliste très influente, elle attend beaucoup de cet
événement. Par ailleurs, j’ai pensé à quelque chose de génial, du
jamais vu. Vous savez, mes idées sont souvent révolutionnaires. Avant
que j’arrive ici, ils ne savaient faire que des défilés. Bffffffffff !
Maintenant
je veux du beau, du très beau, quelque chose qui en jette. Je vous
propose que l’on présente les robes à fleurs de la nouvelle collection
sur des mannequins argentés pour rompre avec le côté bucolique.
- Mais Françine, Mugler a fait ça pendant des années, c’est un peu de la redite, risque Elsa
-
Mais pas du tout. Pas de commune mesure. Aucune correspondance. Tu dis
vraiment n’importe quoi. Ensuite l’idée serait de recréer dans le bar
un jardin avec une fontaine d’eau rose. Bien sûr on démonterait le bar
et ses vieux miroirs.
- Au risque de vous paraître désobligeante
Françine, je pense que l’intérêt du lieu réside effectivement et
uniquement dans ce vieux mobilier qui rompt avec la modernité que Franz
Hilkerman peut apporter (suis-je convaincante ?)
- Écoutez Midori,
ce petit troquet, va profiter comme tout le monde de notre notoriété.
Après mon, pardon notre passage, tout le monde va se ruer dans ce lieu.
Permettez-moi d’en douter Marquise du Sentier car après votre royal passage tout ne sera que ruine.
- Vraisemblablement Françine, mais si vous avez pensé à tout, pourquoi m’avez-vous contacté ?
-
Aaaaaaaaaaaaaaah, elle est mignonne. Mais pour vos œuvres. Vous
accrocherez vos tableaux aux murs. Avez-vous créé des films, qui font
rêver bien sur, avec de belles images, un espace zen.
- Je ne suis pas peintre, vous savez, ni vidéaste.
- Ah ! dommage, mais peut être que l’un de vos amis pourrait nous prêter un film ?
- J’en doute.
- Pourquoi ?
-
Quelle serait sa motivation Françine ? En revanche même si le temps me
paraît un peu court, nous pourrions commander quelques images,
digitales par exemple.
- Avec des fleurs ? parfait, allez-y. Elsa
appelle Jean pour qu’il montre le carton à Midori. J’ai demandé à nos
graphistes de la simplicité afin de mieux révéler l’essence même des
créations de Franz. Du sobre, de l’élégant.
Jean est arrivé avec
quelques cartons. Il les a déposés sur le bureau de Françine et est
reparti sans dire un mot. Sympa l’ambiance. Je crois que tout le monde
l’aime cette douce Françine.
Françine m’a tendu le carton. Format
A5, 4 volets. Rose, tout rose, très rose, plus rose… difficile. Papier
très épais, un intercalaire de claque rosé. Police framboise, de
l’arial. Top class. Une petite photo très colorée. Une trame de tissu
fleuri, la collection, je suppose.
« Franz Hilkerman Couture – collection printemps été 2006-2007
Présentation Presse le jeudi 9 février 2006
Bar du Marché Paris X.
Événement happening autour de bouchées fleuries et d’une coupe de champagne
Contact presse : Françine Duvivier Lamarche »
Ah, oui, là, je reste sans voix. Je ne suis pas mentionnée, mais je préfère. Il faut savoir rester discrète.
- Qu’en pensez vous Midori ? J’ai voulu inscrire le cocktail c’est plus sympa. Et cette couleur est vraiment réussie. J’adore.C'est TOP COULEUR.
- Euh…un peu… enfin, très , c’est…saisissant
- Je suis d’accord c’est saisissant, voilà, je cherchais le mot, saisissant.